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entrée dans St Jo

texte intégral de Claude AVRIL en date du 23 novembre 2009

 

Départ de mon village, arrivée et première nuit à St Jo
Commençons par le commencement. Je suis né à Marcilly-sur-Tille en  
1950, village qui comptait dans les 1 000 habitants et qui se situe  
entre Dijon et Langres. J’ai fais mes études dans les quatre classes  
des écoles primaires du village ou parents, professeurs et élus se  
côtoyaient souvent pour mettre au point les programmes des activités  
scolaires et extérieurs que l’on appelles maintenant extra et péri  
scolaire. Nous étions entre 40 et 45 écoliers par classe. A cette  
époque, les instituteurs avaient une bonne connaissance sur  
l’enseignement général. C’est en fin d’étude primaire que j’ai fait  
la connaissance avec l’école buissonnière. On n’allait beaucoup moins  
en classe, on allait retrouver les vieux du village dans leurs champs  
où ils nous montraient comment on s’occupait d’un jardin potager,  
comment couper, fendre, ranger le bois, comment fonctionnait la  
météo, etc. J’ai continué cette école de la nature avec un  
agriculteur du village dont la ferme était en face de chez mes  
parents. Au pourtour et en dehors du village, les délimitations des  
terrains étaient fait avec du simple fils de fer, ou des barbelés,  
d’autres étaient en murs montés avec des pierres posées les unes sur  
les autres, et d’autres avec des buissons. Quand il faisait très  
chaud les après midi de printemps et d’été, avec les vieux du village  
on se mettait à l’ombre des buissons, d’où le nom d’école  
buissonnière. On évitait les murs de pierre à cause des serpents.  
D’autres élèves allaient se cacher derrières des buissons pour passer  
le temps et fumer des cigarettes. C’est cette ambiance campagnarde  
que j’ai quitté pour arriver à St Jo un dimanche après midi de  
septembre.


Comment mes parents ont eu connaissance de St Jo, je n’en sais rien.  
Ils m’ont amené en voiture avec des valises. Nous avons déjà attendu  
dans un couloir dont les fenêtres donnaient sur l’entrée principale  
du bâtiment. Ce couloir était une sorte de musée ou était exposé,  
entre autres choses, de tableaux, des photographies, une petite  
locomotive à vapeur, etc. Peut être que pour les dijonnais, les  
locomotives à vapeurs étaient déjà de l’ancien temps, mais pour moi à  
la campagne ce n’était pas si loin puisque car j’ai connu ces  
machines à charbon dont certaines avaient été remplacées par des  
machines à moteurs diesels.

Après ce temps d’attente nous sommes  rentré dans une salle : le secrétariat.   Là, j’ai appris que je rentrais dans une classe de CETM qui signifiait : collège  
d’enseignement technique et mécanique, niveau 4 ème. Puis on a  
attendu une fois de plus, assis dans un autre couloir pour faire la  
connaissance du surveillant de ce couloir de cette aile de bâtiment :  
le frère Jean. Religieux imposant, calme, qui nous a expliqué comment  
fonctionnait l’école. Nous avons ensuite cherché une porte de classe  
marquée 1ère CETM. Là, j’ai déposé mes affaires, et y en avait.  
Ensuite nous sommes monté dans les étages avec d’autres valises pour  
aller jusque sous les toits, au dortoir des Saints Anges. Je me  
souviens que j’ai été surpris de voir l’usure des marches en pierre,  
ce qui m’a fait comprendre que le bâtiment existait déjà depuis  
longtemps et qu’il y avait déjà eu énormément de chaussures qui  
avaient usés les marches. Je ne me souviens plus bien comment était  
l’entrée des dortoirs car il y avait deux, un à droite les Saints  
Anges et l’autre à gauche ; Au milieu, des WC. Avec mes parents, j’ai  
fait mon lit, rempli une armoire, coincée une petite valise dans la  
partie basse de l’armoire, vers les lavabos suspendre la serviette de  
toilette, etc. Mon père a regardé comment on était installé. Après  
tout ce fourmillement de cette demi journée, mes parents sont reparti  
au village me laissant seul. Je ne me souviens plus ce qu’il passé  
après.

Le soir, dans la cour, les élèves ont été appelés par classe et par  
noms puis ce fut la descente au réfectoire en passant devant une  
chapelle. Le réfectoire était composé de grandes salles avec des  
tables avec des chaises en bois pour six personnes. Une autre chose  
m’a surpris le premier soir, le frère Jean a récité un « bénédicité »  
avant de l’on puisse s’assoire pour souper : j’étais dans une école  
religieuse. Avant de monter dans le dortoir, les dernières minutes se  
passèrent sous le préau vers les WC et urinoirs, là, il ne fallait  
surtout pas oublier d’y aller, car après, se serait trop tard. En  
rang par deux, la longue marche silencieuse commençait pour monter  
dans le dortoir : un groupe à droite et d’autre à gauche dans les  
couloirs et les escaliers, le centre devait être libre pour que le  
frère puisse circuler sans problème. Arrivé devant le dortoir, on  
enlevait nos chaussures. Combien nous étions ? Je ne m’en souvient  
plus, mais plusieurs dizaine. On pénétrait dans le dortoir qui était  
moins lumineux que l’après midi. On avait une dizaine de minutes pour  
se changer et se coucher avant l’extinction des lumières remplacées  
par des veilleuses. Il fallait donc avoir compter le nombre de  
poteaux et de lits pour ne pas se tromper et se coucher dans le lit  
d’un autre. Pour en revenir aux WC, ils ne devaient être utilisés  
qu’après le coucher du frère surveillant et en plus on devait y aller  
sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne.

Ma première nuit fut vide de sommeil. J’ai eu tout le temps de revoir  
tous principaux événements de ma jeunesse au village. Mon premier  
matin à St Jo : réveille à 7 heures, le bénédicité debout à peine  
réveillé, puis les plus courageux se lavaient à l’eau froide, les  
autres se réveillaient comme font les chats, c’était en même temps la  
queue aux WC. Puis, tous habillés et chaussés, le frère donnait le  
signale du départ pour descendre les étages, toujours en rang par  
deux.....jusqu’au couloir de notre étage pour rentrer dans une classe  
ou un surveillant nous attendait pour nous expliquer le  
fonctionnement des études pour ceux qui ne connaissent pas. J’en  
faisais partie. Puis ce fut la descente au réfectoire pour le petit  
déjeuner. Je ne parlerais plus des bénédicités……. C’est en sortant du  
réfectoire, après avoir avalé un bol de chicorée avec des tranches de  
gros pain, dans les cours de récréation, que j’ai découvert St Jo  
dans toute sa puissance. Pour moi qui venais de ma campagne avec mon  
mètre quarante ; Et oui, j’étais tout petit à cette époque, l’école  
me paru comme une ville ou il y grouillait des centaines d’élèves de  
tous les âges et des religieux habillés de noir. Internes et externes  
étaient éparpillé dans les cours. Au dessus d’une montée d’escalier,  
un élève tira à plusieurs reprises sur une chaîne, et une cloche à  
marteau sonna le rassemblement. L’appel des élèves commençait. Moi  
qui sortais des écoles primaires du village, commencer un niveau de  
quatrième en ville : quel choc !



24/11/2009
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