2° article de Claude (suite rentrée à St Jo)
Ma première semaine à St Jo
Après le coup de cloche du lundi matin, mon premier jour de classe
commençait à St Jo. Ce fut l’appel par classe. Le frère Jean qui
appelait les élèves n’avait pas de « sono » comme on le dit
maintenant, il faut dire que c’était tellement silencieux dans la
cour de récréation qu’il n’en avait pas besoin. Je me suis retrouvé Ã
côté d’un grand gaillard, calme qui me conseilla de le suivre.
C’était-il aperçu que je me posais des milliers de questions sur mon
proche avenir ? Je fis donc comme il me l’avait conseillé. J’ai
gravis les marches des escaliers en pierre qui menaient au couloir de
4 ème. Là , contrairement à la veille et au petit matin, il y régnait
une sorte de brouhaha. Je fis donc comme les autres élèves de
mécanique, je me suis arrêté et mis sur le côté du mur du couloir, Ã
côté de la porte de la classe de 1 ère CETM. Je ne me souviens plus
après.
Moi qui avait déjà tendance à être bègue, avec toutes ces émotions
causées par tous ses changements brutaux, mon langage n’allait pas
s’améliorer car les surprises allaient se succéder tout au long des
semaines et les mois suivants : le changement de professeurs des
différents cours était totalement inconnu pour moi et en plus, chacun
d’eux avait son format de cahier, ses couleurs pour écrire et pour
faire les corrections.
Il faut savoir qu’au village ou je suis né, nous avions des encriers
dans les tables en bois ou il y avait de l’encre bleue pour écrire et
l’encre rouge pour les corrections. On écrivait avec des plumes
Sergent Major monté sur un porte-plume à levier. J’avais donc fait le
plein de plumes et d’encre bleue et rouge dans une valise. Peine
perdue : je commençais mon apprentissage au stylo à bille. Arriva
l’heure d’aller aux ateliers. J’étais impatient d’y aller et je
m’attendais à faire des pièces comme j’en faisais quelques fois dans
l’atelier de mon père. Hélas non, j’étais bien loin de me douter ce
qui allait se passer. Arrivé devant les ateliers, comme les autres
élèves, j’ai été accueilli par un civil, ventru à souhait. Aux
vestiaires, j’ai enfilé mon « bleu » de travail. Puis en rang par
deux, j’ai suivi le groupe. Ceux de mécanique générale se sont arrêté
devant des établis et ceux de la mécanique automobile sont allé plus
long, au fond des l’ateliers et je ne les ai plus vu. Le professeur
d’ateliers nous a séparé par tailles : les petits devant les établis
les plus bas, les moyens, devant les établis un peu plus hauts, et
les grands élèves, devant les établis les plus hauts. Chaque établi
avait des étaux à mors parallèles. Ensuite, comme les autres élèves,
je suis allé voir le magasinier ou j’ai reçu du matériel pour pouvoir
travailler. Je suis revenu à ma place avec une caisse en fer, un jeu
de limes, une pointe à tracer, un marteau, un pointeau, une monture
de lame de scie à métaux, et là , surprise ! La dite monture de scie
était longue et dépassait de la caisse à outils : ça commençait
bien ! Il y avait aussi une petite boite en bois dans laquelle il y
avait un pied à coulisse, un palmer, une équerre et un réglet. J’ai
toujours le palmer et le pied à coulisse. J’étais content d’avoir ce
matériel, mais quand la partie pratique a commencé, j’ai été
fortement déçu. Moi qui avais l’habitude de réaliser des montages
mécaniques, limer une pièce rectangulaire ! Il n’y avait rien de bien
constructif à mes yeux.
Il faut savoir qu’au village, mon père était un industriel en
électromécanique. Il avait installé son usine de skip, pont roulant
et monte charge dans le fond de la cour de la maison, maison qui
était une ancienne ferme qu’il avait aménagé de ses mains après la
dernière guerre mondiale. Depuis tout jeune, j’avais l’habitude de
fabriquer des pièces légèrement bombées, ou avec chanfreins pour
réaliser des assemblages, et quelquefois souder avec un poste de
soudure à l’arc. J’avais donc l’habitude aux machines outils et de
faire des montages de pièces. Les ouvriers n’appréciaient guerre ma
présence dans les ateliers car il y avait un certain danger Ã
utiliser une fraiseuse, une perceuse sensitive, ou un tour, mais
quand est jeune, on en est insouciant.
Alors à St Jo, limer une pièce en fer, pour moi, ça manquait
d’originalité. Après cette mauvaise surprise, une autre arrivait.
Après ce premier contact avec les ateliers, l’heure de quitter les
lieux arrivait. Comme les autres, j’ai rangé mes outils dans ma
caisse en fer. Je me suis mis en rang dans l’allée centrale des
ateliers. Là , j’ai découvert un frère surveillant des ateliers, il
était tellement grand qu’il passait tout juste sous l’huisserie de la
porte. D’un air de gardien de prison, il nous ausculta tous du
regard. Puis, selon son bon vouloir, il avait fait signe aux premiers
élèves d’avancer et tous ont suivi. C’est dans un silence de peur que
je suis passé à côté de ce géant qui resta impassible devant cette
grande porte à deux vantaux qui communiquait avec un couloir qui nous
faisait passer vers l’atelier de menuiserie. Le couloir continuait
pour arriver aux vestiaires, puis à la sortie sous le préau. Ce frère
avait été surnommé « la grande Duduche ».
A midi, les internes se retrouvaient au réfectoire. Cette fois-ci, le
frère Jean nous avait installé par classe. Des Suisses nous
apportaient les plats sur des chariots roulants. Il y avait un
responsable de service par table. Son rôle était de surveiller que le
partage de la nourriture soit la même pour les élèves.
L’après midi, rassemblement dans la cour suite à l’appel de la cloche
et les cours continuaient. Vers les 16 heures, à la récréation, on a
eu droit à un gros morceau de pain et du chocolat.
Mon premier soir de cours fut surprenant. J’étais dans le couloir
après la sortie de la classe et j’ai assisté à la fuite des externes.
Ils ont quitté l’étage de 4 ème comme une volée de moineaux. Je suis
resté avec les internes pour me retrouver sous le préau et dans la
cour de récréation. Après un temps de décontraction, une nouvelle
surprise m’attendait : j’avais oublié « les études ». Tous les
internes se sont retrouvés en étude. Je suis rentré dans la même
classe ou j’avais été le matin même, avec cette fois, des livres,
cahiers et de quoi écrire sous le bras. Sur ordre du surveillant, un
élève a tiré sur, je ne sais plus quoi, et des parties de cloisons de
séparation des classes se sont levé et monté sous le plafond de la
classe. Des deux classes, il n’y en avait plus qu’une grande. Le
premier soir de cours ressembla au premier soir de mon arrivée.
Ma deuxième nuit fut difficile malgré une grande fatigue.
Les jours suivants révélèrent bien d’autres surprises. Après avoir
enregistré dans ma tête mes points de repères sur une journée, j’ai
commencé à découvrir les professeurs. Le professeur de Français-
histoire-géographie : Maurice Courtois, était rentré en classe en
donnant un coup de pieds à une craie blanche, la craie avait traversé
la classe pour s’éclater contre un mur, ceci pour nous mettre dans
l’ambiance. Il nous a avoué qu’il n’avait jamais autant vu de façons
différentes d’écrire « école Saint Joseph ». Il aurait donc du
travaille pour nous faire écrire en Français. Le professeur de gym
avait un accent du sud. Son but était de nous faire devenir de bons
sportifs : moi qui avait déjà horreur du sport à cette époque, ça
commençait bien ! Le professeur de sciences-physique-chimie-
mathématiques et ceux des ateliers avaient oublié de boire de l’eau
depuis longtemps. Pour en arriver là , j’ai pensé qu’ils avaient
terriblement souffert durant la dernière guerre comme certains vieux
du village qui se saoulaient en donnant comme excuse : « c’est
toujours ça que les Allemands ne boiront pas s’ils reviennent ».
Arriva le jeudi après midi. Au village, on l’appelait « le jeudi
Mickey » car c’était le jour de l’arrivée de la revue de Mickey
Magasine et il n’y avait pas d’école. Mais à St Jo, ce premier jeudi
après midi fut consacré à une longue marche à pieds pour aller à la
gare Dijon Ville pour que les internes qui devaient partir en train
en fin de semaine puissent connaître le trajet à suivre dans les
différentes rues. C’est ainsi que je fis la découverte de cette
grande gare, vaste et très haute. Puis retour à St Jo. Le trajet Ã
pieds me sembla très long. Je me suis promis que pour la prochaine
fois, j’essaierai de trouver une occupation pour rester sur place Ã
St Jo. J’avais l’habitude des sorties au village, mais à vélo, alors
faire tout ce trajet à pieds, au pas de course, je n’étais pas assez
sportif pour cela.
D’après le frère Jean qui avait fait la sortie avec nous, il fallait
à peine un quart d’heure pour parcourir la distance St Jo à la gare
Dijon Ville, seulement voila ! Comme on le sait tous, on peu attendre
le train, mais lui n’attend pas. Donc, sortir de St Jo à midi, ce qui
n’était déjà pas certain avec la grande Duduche !……Courir jusqu’à la
gare…..Faire la queue à un guichet pour prendre un ticket ……Descendre
dans le sous terrain…..Remonter sur les quais vers les 12 h 15 ou 12
h 20 : le train serait déjà parti.
Ce trajet n’était pas le mien, car avec mes parents, j’avais choisi
le départ du train dont l’heure était la plus tardive possible pour
me laisser le temps d’arriver en gare : c’était la gare Dijon Porte
Neuve ou le train arrivait vers 12 h 45. La distance était plus longe
mais je devais avoir le temps, en 45 minutes de faire le trajet.
Arriva enfin le samedi matin. Ce matin-là sonnait le début de mon
premier retour au village. Mais avant, il fallait limer la ferraille
toute la matinée. Arriva 11 h 45. C’était l’heure d’arrêt de limer de
la semaine. Chacun nettoyait son coin d’établi et faisait tomber la
limaille de fer par terre. D’autres élèves passaient avec une pelle
et un balai pour « faire un trait croisé par terre » et tout mettre
dans un chariot monté sur roulettes pour emmener, le tout, dehors,
derrière l’atelier de mécanique auto. Puis on a attendu les uns
derrière les autres que la grande Duduche nous laisse partir. Je me
souviens encore que mon coeur cognait fort. On était là , coincé par
le bon vouloir de ce frère. Le signale donné, j’ai essayé de rester
calme pour arriver aux vestiaires, mettre la caisse à outil dans un
casier-me laver les mains-enlever le bleu et mettre en boule dans le
casier-arriver sous le préau, tête baissée comme un coureur je me
suis ruer dans le couloir de 4 ème. Ma petite valise de voyage
m’attendait depuis le matin. Je l’ai prise à l’arrachée et j’ai foncé
dans les escaliers pour descendre au niveau inférieur, pour me
retrouver à l’extérieur des bâtiments. J’ai continué à courir jusqu’Ã
la conciergerie pour déposer un billet de sortie pour enfin franchir
la porte de la liberté.
Là , sur la place, un grand gaillard m’attendait. La phrase d’accueil
fut simple. : « Dépêche toit, Lavril, on va louper le train ». Louper
le train ? Il n’en était pas question car le prochain n’était qu’en
fin d’après midi. J’avais fais le trajet la semaine précédente en
voiture avec mes parents. J’avais bien regardé et mis les points clés
des rues et des places dans ma tête. C’était parti pour le trajet :
St Jo, la gare Dijon Porte Neuve. Arrivé sur la première place, j’ai
croisé les filles qui sortaient du lycée du Castel et qui, elles
aussi allaient à Porte Neuve à grandes enjambées. Puis ce fut la
longue marche de l’avenue Carnot avec tous ses feux. En voiture, mon
père râlait un peu lorsqu’il devait s’arrêter à un feu rouge, mais
moi, à pied, j’ai profité de ses arrêts obligatoires pour souffler
alors que mon compagnon de route râlait quant il devait s’arrêter. Il
faut dire que lorsqu’il faisait une enjambée, moi j’en faisais deux,
pour parcourir la même distance. C’est à moitié du parcours que ma
petite valise commença à peser lourd, très lourd. Puis au passage du
lycée Carnot, se sont encore d’autres jeunes qui sont venu gonfler de
groupe de jeunes qui était formé. Arrivé à la dernière place avant la
gare, j’ai croisé encore un autre groupe de jeunes qui venait du
Lycée Hippolyte Fontaine. C’est toute cette fourmilière de jeunes qui
arriva à la gare Dijon Porte Neuve. J’étais rouge de transpiration,
épuisé et affamé. Sans lâcher ma valise, j’ai demandé au préposé
derrière son guichet un « allé simple pour Is-sur-Tille ». Il me
tendit un petit morceau de carton épais : c’était mon ticket pour
aller à mon village. J’entendis aussi d’autres demandes pour aller Ã
Is-sur-Tille, dont mon compagnon de route.
Il faut savoir qu’en réalité la gare appelée « Is-sur-Tille » est sur
le territoire de ma commune : Marcilly-sur-Tille. Les plans du tracé
du chemin de fer avaient fait sous Napoléon 2 ou 3, je ne sais plus,
et la gare devait être construite à Is-sur-Tille. Les habitants de
cette commune auraient refusé le passage de la voie ferrée. Les plans
auraient été modifié, mais pas le nom. De plus, c’est la commune d’Is-
sur-Tille qui aurait payé la plus grande partie pour la construction
de cette gare. Le nom d’Is-sur-Tille est donc resté pour cette gare
installée dans la commune voisine. Les 3 / 4 des jeunes qui
demandaient un ticket pour Is-sur-Tille n’y habitaient pas. Cette
gare était un point de ralliement pour la région.
Le ticket de train dans la poche de veste, je me suis précipité Ã
l’extérieur de la gare et là , surprise : il n’y avait pas de voie
ferrée au sol. J’ai regardé et j’ai vu la fourmilière de jeunes
monter des escaliers fixer à un mur, un mur énorme, très haut.
J’avais déjà vu des murs imposants, mais pas comme celui-là . Mon
compagnon de route me fit signe de le suivre et j’ai gravis les
marches des escaliers.
Arrivé tout en haut, j’ai été surpris de constater que j’étais au
niveau des toitures des maisons à plusieurs étages. J’avais une belle
vue panoramique sur la ville par dessus les toits. Le quai était lÃ
avec ses voies ferrées, un abri en fer de serrurerie recouvert de
tôle plastique ondulée. Quelque centaine de jeunes étaient agglutiné
là , entre les voies et le parapet garde fou. J’avais posé ma valise
et je commençais à respirer un peu mieux, et c’est là que j’ai senti
un vent froid qui passait. Au début cela faisait du bien, moi qui
avait tellement chaud, mais les minutes passantes, le froid
commençait à se faire sentir dans mes os. Regardant en bas, j’ai vu
qu’il y avait comme un café en face de la gare, et là , je vis sortir
une silhouette que j’avais déjà vue : un professeur d’ateliers
accompagné d’autres hommes traverser la rue et entrer dans la gare.
J’entendis un bruit bizarre, un peu étouffé par le sifflement du
vent, un bruit de ferraille, le bruit de roulement à billes fatigué.
Ce bruit devenait de plus en plus fort, comme un roulement de
tambour : le train arrivait tiré avec une locomotive à moteur diesel.
L’ensemble commençait à freiner dans un bruit grinçant. Un coup de
sifflet fit reculer beaucoup d’entre nous, trop serrés près des
voies. A l’arrêt du convoi, ce fut la cohue. Les plus grands et
agiles montèrent en premiers, mon compagnon de route s’engouffra dans
la première porte qui était à sa hauteur, les autres, comme moi, nous
sommes monté après. Au village, on m’avait appris la politesse de
laisser passer les dames en premier. Je vis qu’ici, c’était du chacun
pour soit. Une fois monté dans le wagon, j’ai cherché des yeux mon
compagnon de route, je ne l’ai pas trouvé, mais à la place, j’ai
reconnu des visages d’hommes et de femmes habitants au village. J’en
conclus que j’étais dans le bon wagon. Une fois assis, ma petite
valise entre les jambes, j’ai commencé à me détendre jusqu’à ce qu’il
y est un grand choc et en même temps un grand bruit. Tous les
passagers ont également ressentit le choc et j’ai eu l’impression que
les maison reculaient : un tremblement de terre ? Non, c’était le
train qui commençait à rouler. Quelle secousse ! J’entendis le moteur
diesel monter en puissance, je sentis les passages des vitesses. Moi
qui n’étais pas habitué aux voyages en train, je commençais mon
premier voyage en chemin de fer. Cette micheline, comme était appelé
ce train, s’arrêtait à toutes les gares. Je devais guetter la gare
nommée Gémeaux, car après s’était l’arrivée à Is-sur-Tille.
C’est à l’arrêt à la gare de Gémeaux que je vis le professeur
d’ateliers descendre sur le quai. Le train reparti et quelques
minutes plus tard, j’ai commencé à reconnaître les vallons de mon
village. Effectivement, le train commença à freiner bien avant la
gare, car depuis Gémeaux le terrain descend en pente sur 3 km. Enfin
le panneau Is-sur-Tille arrivait. J’attendis l’arrêt définitif du
train pour descendre du wagon. Sur le quai, je me suis retrouvé dans
une cohue incroyable mais j’étais chez moi. Le parking de la gare
était encombré de voitures. Mon compagnon de route avait disparu dans
la foule. Connaissant mon village natal, j’ai pris le chemin des
écoliers qui fait un raccourci pour passer sur le pont du chemin de
fer, traverser en biais la place principale du village pour arriver
rapidement chez mes parents. C’est ma grand-mère qui habitait au rez-
de-chaussée de l’ancienne ferme, qui m’accueilli la première. Avec
mes parents, mon frère et mes sœurs, ont habitaient à l’étage, au
centre du village.
Je ne me souviens plus de ma première fin de semaine au village par
contre le premier dimanche soir si : il régna une effervescence peu
ordinaire à la maison. Il faut dire que des 4 enfants qu’il y avait Ã
la maison, nous n’étions que deux à rentrer en fin de semaine. Le
dimanche soir donc, on préparait toutes les affaires pour le départ
du lundi matin. Mon réveille était par terre, à ma portée de main.
Aussitôt qu’il s’est mis à sonner, je l’ai arrêté pour qu’il ne
réveille pas toute la maisonnée. Il était six heures du matin. Lever,
débarbouillé, le petit déjeuné avalé, c’était reparti, la valise à la
main pour aller à la gare du village mais cette fois-ci par l’ancien
chemin de liaison. C'est-à -dire qu’avant la construction de la voie
ferrée qui passe en bas du village, il y avait un passage pour aller
dans la commune voisine : Is-sur-Tille. Ce petit chemin de liaison
existe toujours et il permet de passer sur les voies ferrées et
éviter de passer sur le pont du chemin de fer. Ce vestige du temps
passé m’a fait gagner quelques minutes sur le trajet. Pourquoi ne pas
avoir pris se chemin samedi midi ? Car il y a trop de trains qui
passent en plein jour et je risquais un accident. A cette heure-ci du
matin, il n’y a pas de train qui passe.
J’arrivai donc en gare, frais et reposé. Les nombreux cahiers et
livres que j’avais amenés de St Jo n’avaient servit à rien. La valise
sera donc plus légère au prochain voyage de retour. Arrivé à la gare
du village, j’ai retrouvé la même fourmilière de gens, jeunes et
moins jeunes qui allaient à Dijon ainsi que mon compagnon de route du
samedi midi. A la gare de Dijon Porte Neuve, j’ai repris la direction
pour St Jo, j’ai regardé et il y avait bien un café e face de la
gare, le professeur d’ateliers y entra avec d’autres hommes. Une
nouvelle semaine commença pour moi.
Après le coup de cloche du lundi matin, mon premier jour de classe
commençait à St Jo. Ce fut l’appel par classe. Le frère Jean qui
appelait les élèves n’avait pas de « sono » comme on le dit
maintenant, il faut dire que c’était tellement silencieux dans la
cour de récréation qu’il n’en avait pas besoin. Je me suis retrouvé Ã
côté d’un grand gaillard, calme qui me conseilla de le suivre.
C’était-il aperçu que je me posais des milliers de questions sur mon
proche avenir ? Je fis donc comme il me l’avait conseillé. J’ai
gravis les marches des escaliers en pierre qui menaient au couloir de
4 ème. Là , contrairement à la veille et au petit matin, il y régnait
une sorte de brouhaha. Je fis donc comme les autres élèves de
mécanique, je me suis arrêté et mis sur le côté du mur du couloir, Ã
côté de la porte de la classe de 1 ère CETM. Je ne me souviens plus
après.
Moi qui avait déjà tendance à être bègue, avec toutes ces émotions
causées par tous ses changements brutaux, mon langage n’allait pas
s’améliorer car les surprises allaient se succéder tout au long des
semaines et les mois suivants : le changement de professeurs des
différents cours était totalement inconnu pour moi et en plus, chacun
d’eux avait son format de cahier, ses couleurs pour écrire et pour
faire les corrections.
Il faut savoir qu’au village ou je suis né, nous avions des encriers
dans les tables en bois ou il y avait de l’encre bleue pour écrire et
l’encre rouge pour les corrections. On écrivait avec des plumes
Sergent Major monté sur un porte-plume à levier. J’avais donc fait le
plein de plumes et d’encre bleue et rouge dans une valise. Peine
perdue : je commençais mon apprentissage au stylo à bille. Arriva
l’heure d’aller aux ateliers. J’étais impatient d’y aller et je
m’attendais à faire des pièces comme j’en faisais quelques fois dans
l’atelier de mon père. Hélas non, j’étais bien loin de me douter ce
qui allait se passer. Arrivé devant les ateliers, comme les autres
élèves, j’ai été accueilli par un civil, ventru à souhait. Aux
vestiaires, j’ai enfilé mon « bleu » de travail. Puis en rang par
deux, j’ai suivi le groupe. Ceux de mécanique générale se sont arrêté
devant des établis et ceux de la mécanique automobile sont allé plus
long, au fond des l’ateliers et je ne les ai plus vu. Le professeur
d’ateliers nous a séparé par tailles : les petits devant les établis
les plus bas, les moyens, devant les établis un peu plus hauts, et
les grands élèves, devant les établis les plus hauts. Chaque établi
avait des étaux à mors parallèles. Ensuite, comme les autres élèves,
je suis allé voir le magasinier ou j’ai reçu du matériel pour pouvoir
travailler. Je suis revenu à ma place avec une caisse en fer, un jeu
de limes, une pointe à tracer, un marteau, un pointeau, une monture
de lame de scie à métaux, et là , surprise ! La dite monture de scie
était longue et dépassait de la caisse à outils : ça commençait
bien ! Il y avait aussi une petite boite en bois dans laquelle il y
avait un pied à coulisse, un palmer, une équerre et un réglet. J’ai
toujours le palmer et le pied à coulisse. J’étais content d’avoir ce
matériel, mais quand la partie pratique a commencé, j’ai été
fortement déçu. Moi qui avais l’habitude de réaliser des montages
mécaniques, limer une pièce rectangulaire ! Il n’y avait rien de bien
constructif à mes yeux.
Il faut savoir qu’au village, mon père était un industriel en
électromécanique. Il avait installé son usine de skip, pont roulant
et monte charge dans le fond de la cour de la maison, maison qui
était une ancienne ferme qu’il avait aménagé de ses mains après la
dernière guerre mondiale. Depuis tout jeune, j’avais l’habitude de
fabriquer des pièces légèrement bombées, ou avec chanfreins pour
réaliser des assemblages, et quelquefois souder avec un poste de
soudure à l’arc. J’avais donc l’habitude aux machines outils et de
faire des montages de pièces. Les ouvriers n’appréciaient guerre ma
présence dans les ateliers car il y avait un certain danger Ã
utiliser une fraiseuse, une perceuse sensitive, ou un tour, mais
quand est jeune, on en est insouciant.
Alors à St Jo, limer une pièce en fer, pour moi, ça manquait
d’originalité. Après cette mauvaise surprise, une autre arrivait.
Après ce premier contact avec les ateliers, l’heure de quitter les
lieux arrivait. Comme les autres, j’ai rangé mes outils dans ma
caisse en fer. Je me suis mis en rang dans l’allée centrale des
ateliers. Là , j’ai découvert un frère surveillant des ateliers, il
était tellement grand qu’il passait tout juste sous l’huisserie de la
porte. D’un air de gardien de prison, il nous ausculta tous du
regard. Puis, selon son bon vouloir, il avait fait signe aux premiers
élèves d’avancer et tous ont suivi. C’est dans un silence de peur que
je suis passé à côté de ce géant qui resta impassible devant cette
grande porte à deux vantaux qui communiquait avec un couloir qui nous
faisait passer vers l’atelier de menuiserie. Le couloir continuait
pour arriver aux vestiaires, puis à la sortie sous le préau. Ce frère
avait été surnommé « la grande Duduche ».
A midi, les internes se retrouvaient au réfectoire. Cette fois-ci, le
frère Jean nous avait installé par classe. Des Suisses nous
apportaient les plats sur des chariots roulants. Il y avait un
responsable de service par table. Son rôle était de surveiller que le
partage de la nourriture soit la même pour les élèves.
L’après midi, rassemblement dans la cour suite à l’appel de la cloche
et les cours continuaient. Vers les 16 heures, à la récréation, on a
eu droit à un gros morceau de pain et du chocolat.
Mon premier soir de cours fut surprenant. J’étais dans le couloir
après la sortie de la classe et j’ai assisté à la fuite des externes.
Ils ont quitté l’étage de 4 ème comme une volée de moineaux. Je suis
resté avec les internes pour me retrouver sous le préau et dans la
cour de récréation. Après un temps de décontraction, une nouvelle
surprise m’attendait : j’avais oublié « les études ». Tous les
internes se sont retrouvés en étude. Je suis rentré dans la même
classe ou j’avais été le matin même, avec cette fois, des livres,
cahiers et de quoi écrire sous le bras. Sur ordre du surveillant, un
élève a tiré sur, je ne sais plus quoi, et des parties de cloisons de
séparation des classes se sont levé et monté sous le plafond de la
classe. Des deux classes, il n’y en avait plus qu’une grande. Le
premier soir de cours ressembla au premier soir de mon arrivée.
Ma deuxième nuit fut difficile malgré une grande fatigue.
Les jours suivants révélèrent bien d’autres surprises. Après avoir
enregistré dans ma tête mes points de repères sur une journée, j’ai
commencé à découvrir les professeurs. Le professeur de Français-
histoire-géographie : Maurice Courtois, était rentré en classe en
donnant un coup de pieds à une craie blanche, la craie avait traversé
la classe pour s’éclater contre un mur, ceci pour nous mettre dans
l’ambiance. Il nous a avoué qu’il n’avait jamais autant vu de façons
différentes d’écrire « école Saint Joseph ». Il aurait donc du
travaille pour nous faire écrire en Français. Le professeur de gym
avait un accent du sud. Son but était de nous faire devenir de bons
sportifs : moi qui avait déjà horreur du sport à cette époque, ça
commençait bien ! Le professeur de sciences-physique-chimie-
mathématiques et ceux des ateliers avaient oublié de boire de l’eau
depuis longtemps. Pour en arriver là , j’ai pensé qu’ils avaient
terriblement souffert durant la dernière guerre comme certains vieux
du village qui se saoulaient en donnant comme excuse : « c’est
toujours ça que les Allemands ne boiront pas s’ils reviennent ».
Arriva le jeudi après midi. Au village, on l’appelait « le jeudi
Mickey » car c’était le jour de l’arrivée de la revue de Mickey
Magasine et il n’y avait pas d’école. Mais à St Jo, ce premier jeudi
après midi fut consacré à une longue marche à pieds pour aller à la
gare Dijon Ville pour que les internes qui devaient partir en train
en fin de semaine puissent connaître le trajet à suivre dans les
différentes rues. C’est ainsi que je fis la découverte de cette
grande gare, vaste et très haute. Puis retour à St Jo. Le trajet Ã
pieds me sembla très long. Je me suis promis que pour la prochaine
fois, j’essaierai de trouver une occupation pour rester sur place Ã
St Jo. J’avais l’habitude des sorties au village, mais à vélo, alors
faire tout ce trajet à pieds, au pas de course, je n’étais pas assez
sportif pour cela.
D’après le frère Jean qui avait fait la sortie avec nous, il fallait
à peine un quart d’heure pour parcourir la distance St Jo à la gare
Dijon Ville, seulement voila ! Comme on le sait tous, on peu attendre
le train, mais lui n’attend pas. Donc, sortir de St Jo à midi, ce qui
n’était déjà pas certain avec la grande Duduche !……Courir jusqu’à la
gare…..Faire la queue à un guichet pour prendre un ticket ……Descendre
dans le sous terrain…..Remonter sur les quais vers les 12 h 15 ou 12
h 20 : le train serait déjà parti.
Ce trajet n’était pas le mien, car avec mes parents, j’avais choisi
le départ du train dont l’heure était la plus tardive possible pour
me laisser le temps d’arriver en gare : c’était la gare Dijon Porte
Neuve ou le train arrivait vers 12 h 45. La distance était plus longe
mais je devais avoir le temps, en 45 minutes de faire le trajet.
Arriva enfin le samedi matin. Ce matin-là sonnait le début de mon
premier retour au village. Mais avant, il fallait limer la ferraille
toute la matinée. Arriva 11 h 45. C’était l’heure d’arrêt de limer de
la semaine. Chacun nettoyait son coin d’établi et faisait tomber la
limaille de fer par terre. D’autres élèves passaient avec une pelle
et un balai pour « faire un trait croisé par terre » et tout mettre
dans un chariot monté sur roulettes pour emmener, le tout, dehors,
derrière l’atelier de mécanique auto. Puis on a attendu les uns
derrière les autres que la grande Duduche nous laisse partir. Je me
souviens encore que mon coeur cognait fort. On était là , coincé par
le bon vouloir de ce frère. Le signale donné, j’ai essayé de rester
calme pour arriver aux vestiaires, mettre la caisse à outil dans un
casier-me laver les mains-enlever le bleu et mettre en boule dans le
casier-arriver sous le préau, tête baissée comme un coureur je me
suis ruer dans le couloir de 4 ème. Ma petite valise de voyage
m’attendait depuis le matin. Je l’ai prise à l’arrachée et j’ai foncé
dans les escaliers pour descendre au niveau inférieur, pour me
retrouver à l’extérieur des bâtiments. J’ai continué à courir jusqu’Ã
la conciergerie pour déposer un billet de sortie pour enfin franchir
la porte de la liberté.
Là , sur la place, un grand gaillard m’attendait. La phrase d’accueil
fut simple. : « Dépêche toit, Lavril, on va louper le train ». Louper
le train ? Il n’en était pas question car le prochain n’était qu’en
fin d’après midi. J’avais fais le trajet la semaine précédente en
voiture avec mes parents. J’avais bien regardé et mis les points clés
des rues et des places dans ma tête. C’était parti pour le trajet :
St Jo, la gare Dijon Porte Neuve. Arrivé sur la première place, j’ai
croisé les filles qui sortaient du lycée du Castel et qui, elles
aussi allaient à Porte Neuve à grandes enjambées. Puis ce fut la
longue marche de l’avenue Carnot avec tous ses feux. En voiture, mon
père râlait un peu lorsqu’il devait s’arrêter à un feu rouge, mais
moi, à pied, j’ai profité de ses arrêts obligatoires pour souffler
alors que mon compagnon de route râlait quant il devait s’arrêter. Il
faut dire que lorsqu’il faisait une enjambée, moi j’en faisais deux,
pour parcourir la même distance. C’est à moitié du parcours que ma
petite valise commença à peser lourd, très lourd. Puis au passage du
lycée Carnot, se sont encore d’autres jeunes qui sont venu gonfler de
groupe de jeunes qui était formé. Arrivé à la dernière place avant la
gare, j’ai croisé encore un autre groupe de jeunes qui venait du
Lycée Hippolyte Fontaine. C’est toute cette fourmilière de jeunes qui
arriva à la gare Dijon Porte Neuve. J’étais rouge de transpiration,
épuisé et affamé. Sans lâcher ma valise, j’ai demandé au préposé
derrière son guichet un « allé simple pour Is-sur-Tille ». Il me
tendit un petit morceau de carton épais : c’était mon ticket pour
aller à mon village. J’entendis aussi d’autres demandes pour aller Ã
Is-sur-Tille, dont mon compagnon de route.
Il faut savoir qu’en réalité la gare appelée « Is-sur-Tille » est sur
le territoire de ma commune : Marcilly-sur-Tille. Les plans du tracé
du chemin de fer avaient fait sous Napoléon 2 ou 3, je ne sais plus,
et la gare devait être construite à Is-sur-Tille. Les habitants de
cette commune auraient refusé le passage de la voie ferrée. Les plans
auraient été modifié, mais pas le nom. De plus, c’est la commune d’Is-
sur-Tille qui aurait payé la plus grande partie pour la construction
de cette gare. Le nom d’Is-sur-Tille est donc resté pour cette gare
installée dans la commune voisine. Les 3 / 4 des jeunes qui
demandaient un ticket pour Is-sur-Tille n’y habitaient pas. Cette
gare était un point de ralliement pour la région.
Le ticket de train dans la poche de veste, je me suis précipité Ã
l’extérieur de la gare et là , surprise : il n’y avait pas de voie
ferrée au sol. J’ai regardé et j’ai vu la fourmilière de jeunes
monter des escaliers fixer à un mur, un mur énorme, très haut.
J’avais déjà vu des murs imposants, mais pas comme celui-là . Mon
compagnon de route me fit signe de le suivre et j’ai gravis les
marches des escaliers.
Arrivé tout en haut, j’ai été surpris de constater que j’étais au
niveau des toitures des maisons à plusieurs étages. J’avais une belle
vue panoramique sur la ville par dessus les toits. Le quai était lÃ
avec ses voies ferrées, un abri en fer de serrurerie recouvert de
tôle plastique ondulée. Quelque centaine de jeunes étaient agglutiné
là , entre les voies et le parapet garde fou. J’avais posé ma valise
et je commençais à respirer un peu mieux, et c’est là que j’ai senti
un vent froid qui passait. Au début cela faisait du bien, moi qui
avait tellement chaud, mais les minutes passantes, le froid
commençait à se faire sentir dans mes os. Regardant en bas, j’ai vu
qu’il y avait comme un café en face de la gare, et là , je vis sortir
une silhouette que j’avais déjà vue : un professeur d’ateliers
accompagné d’autres hommes traverser la rue et entrer dans la gare.
J’entendis un bruit bizarre, un peu étouffé par le sifflement du
vent, un bruit de ferraille, le bruit de roulement à billes fatigué.
Ce bruit devenait de plus en plus fort, comme un roulement de
tambour : le train arrivait tiré avec une locomotive à moteur diesel.
L’ensemble commençait à freiner dans un bruit grinçant. Un coup de
sifflet fit reculer beaucoup d’entre nous, trop serrés près des
voies. A l’arrêt du convoi, ce fut la cohue. Les plus grands et
agiles montèrent en premiers, mon compagnon de route s’engouffra dans
la première porte qui était à sa hauteur, les autres, comme moi, nous
sommes monté après. Au village, on m’avait appris la politesse de
laisser passer les dames en premier. Je vis qu’ici, c’était du chacun
pour soit. Une fois monté dans le wagon, j’ai cherché des yeux mon
compagnon de route, je ne l’ai pas trouvé, mais à la place, j’ai
reconnu des visages d’hommes et de femmes habitants au village. J’en
conclus que j’étais dans le bon wagon. Une fois assis, ma petite
valise entre les jambes, j’ai commencé à me détendre jusqu’à ce qu’il
y est un grand choc et en même temps un grand bruit. Tous les
passagers ont également ressentit le choc et j’ai eu l’impression que
les maison reculaient : un tremblement de terre ? Non, c’était le
train qui commençait à rouler. Quelle secousse ! J’entendis le moteur
diesel monter en puissance, je sentis les passages des vitesses. Moi
qui n’étais pas habitué aux voyages en train, je commençais mon
premier voyage en chemin de fer. Cette micheline, comme était appelé
ce train, s’arrêtait à toutes les gares. Je devais guetter la gare
nommée Gémeaux, car après s’était l’arrivée à Is-sur-Tille.
C’est à l’arrêt à la gare de Gémeaux que je vis le professeur
d’ateliers descendre sur le quai. Le train reparti et quelques
minutes plus tard, j’ai commencé à reconnaître les vallons de mon
village. Effectivement, le train commença à freiner bien avant la
gare, car depuis Gémeaux le terrain descend en pente sur 3 km. Enfin
le panneau Is-sur-Tille arrivait. J’attendis l’arrêt définitif du
train pour descendre du wagon. Sur le quai, je me suis retrouvé dans
une cohue incroyable mais j’étais chez moi. Le parking de la gare
était encombré de voitures. Mon compagnon de route avait disparu dans
la foule. Connaissant mon village natal, j’ai pris le chemin des
écoliers qui fait un raccourci pour passer sur le pont du chemin de
fer, traverser en biais la place principale du village pour arriver
rapidement chez mes parents. C’est ma grand-mère qui habitait au rez-
de-chaussée de l’ancienne ferme, qui m’accueilli la première. Avec
mes parents, mon frère et mes sœurs, ont habitaient à l’étage, au
centre du village.
Je ne me souviens plus de ma première fin de semaine au village par
contre le premier dimanche soir si : il régna une effervescence peu
ordinaire à la maison. Il faut dire que des 4 enfants qu’il y avait Ã
la maison, nous n’étions que deux à rentrer en fin de semaine. Le
dimanche soir donc, on préparait toutes les affaires pour le départ
du lundi matin. Mon réveille était par terre, à ma portée de main.
Aussitôt qu’il s’est mis à sonner, je l’ai arrêté pour qu’il ne
réveille pas toute la maisonnée. Il était six heures du matin. Lever,
débarbouillé, le petit déjeuné avalé, c’était reparti, la valise à la
main pour aller à la gare du village mais cette fois-ci par l’ancien
chemin de liaison. C'est-à -dire qu’avant la construction de la voie
ferrée qui passe en bas du village, il y avait un passage pour aller
dans la commune voisine : Is-sur-Tille. Ce petit chemin de liaison
existe toujours et il permet de passer sur les voies ferrées et
éviter de passer sur le pont du chemin de fer. Ce vestige du temps
passé m’a fait gagner quelques minutes sur le trajet. Pourquoi ne pas
avoir pris se chemin samedi midi ? Car il y a trop de trains qui
passent en plein jour et je risquais un accident. A cette heure-ci du
matin, il n’y a pas de train qui passe.
J’arrivai donc en gare, frais et reposé. Les nombreux cahiers et
livres que j’avais amenés de St Jo n’avaient servit à rien. La valise
sera donc plus légère au prochain voyage de retour. Arrivé à la gare
du village, j’ai retrouvé la même fourmilière de gens, jeunes et
moins jeunes qui allaient à Dijon ainsi que mon compagnon de route du
samedi midi. A la gare de Dijon Porte Neuve, j’ai repris la direction
pour St Jo, j’ai regardé et il y avait bien un café e face de la
gare, le professeur d’ateliers y entra avec d’autres hommes. Une
nouvelle semaine commença pour moi.