ch'nous & ch'vous

Devoir de mémoire ?

Mon premier printemps, début d’été a été mouvementé et je m’en  
souviens bien. Depuis plusieurs mois, une de mes sÅ“urs fréquentait un  
jeune homme qui avait fait des études pour être professeur  
vétérinaire. Il y avait du mariage dans l’air. C’était la joie et  
même temps la tristesse car l’élu devait partir s’occuper d’animaux  
en Afrique et il ne rentrerait en France que 3 ans plus tard. Donc  
cette sÅ“ur allait également partir en Afrique durant 3 ans. En ces  
temps-là, au village, l’Afrique, c’était le bout du monde. A la  
maison ce n’était pas la joie.

C’est dans cette même période que le professeur de mathématiques nous  
avait fait une sorte d’interrogation écrite appelée « examen blanc  
» : c’est quoi un examen blanc ? Moi qui sortais de ma campagne, je  
n’avais jamais entendu parlé d’examen blanc. Je voulais le demander  
mais l’ordre était tombé de se taire. L’énoncé est arrivé et le temps  
était compté. A la fin du temps imposé, l’examinateur ramassant les  
feuilles et fut surpris de mes gribouillis : c’est quoi un examen  
blanc ? L’homme me proposa d’agrafer mes feuilles pour que le  
professeur s’y retrouve. En fin de semaine, de retour au village, il  
y avait de l’énervement dans l’air : le mariage était pour la semaine  
suivante. Ce n’était donc pas le moment de demander à mes parents ce  
qu’était un examen blanc. J’ai donc demandé aux vieux du village.  
Beaucoup m’ont répondu sur le mariage de ma sÅ“ur : la fille du patron  
et de l’institutrice du village qui marient un des enfants ! Ce sera  
un beau mariage ! Etc, etc. Je n’avais toujours pas de réponse sur ce  
qu’était un examen blanc. De retour à St Jo des surprises  
m’attendaient : le résultat de cet examen était un désastre pour moi  
avec une note très basse. C’est quoi un examen blanc ? Comme réponse,  
j’ai eu droit à 2 heures de colle pour le samedi après midi. Et oui,  
à St Jo c’était comme ça, quand on avait une mauvaise note suite à  
une interrogation écrite, on était collé. Trois jours plus tard, mes  
parents étaient venus à St Jo. En plein cours, le frère Jean m’avait  
fait appelé dans son bureau. Mes parents étaient là, la mine  
déconfite. J’avais bien 2 heures de colle le samedi après midi, le  
jour du mariage au village. J’avais loupé mon examen blanc : c’est  
quoi un examen blanc ? Le frère avait répondu que c’était une sorte  
d’interrogation écrite mais un peu spéciale. Il avait appelé le  
professeur. Quand celui-ci entra dans le bureau du frère, j’ai senti  
une sorte de mauvaise surprise de la part de mes parents. Venaient-
ils de comprendre mon malaise dans cette école ? C’est quoi un examen  
blanc ? A cette époque c’était une interrogation écrite corrigée  
suivant avec des barèmes choisis par le professeur. C’était un  
système de corrigé inconnu au village, je ne pouvais donc pas savoir  
comment ça fonctionnait. Mais le professeur n’avait rien voulu  
savoir : j’avais ma colle, je l’avais. Il avait cependant accepté de  
la repousser au samedi après midi suivant pour cause de mariage dans  
la famille. Seul le professeur avait quitté le bureau du frère la  
tête haute. C’est là ou j’ai appris que le maître était chef dans sa  
classe. Le frère, les parents et autres adultes n’avaient aucun  
pouvoir sur le professeur. Le samedi après midi fut une fête au  
village jusqu’au soir. Le lendemain, ce n’était déjà plus la joie à  
la maison. Le samedi après midi suivant, j’étais resté à St Jo faire  
mes 2 heures de colle. Mes parents m’avaient dit de déposer ma  
feuille de colle sur le bureau du surveillant et de sortir tout de  
suite. Le jeune marié m’attendrait devant la grille de sortie.  
Effectivement le beau-frère m’attendait à la sortie de St Jo avec son  
AMI 8 Citroën. On a mis presque une heure pour rentrer au village :  
le même temps que par le train, mais avec le jeune marié, c’était  
plus sympathique. C’est après que ma mère me confirma qu’un  
professeur est maître dans sa classe, mais il doit être capable de  
juger le bien fondé de certains actions, bonnes comme mauvaises de la  
part des élèves, ce qui ne fut pas cas pour moi. Quelques semaines ou  
mois plus tard, après ma colle, le professeur de mathématiques  
quittait ce monde.

Un nouveau professeur était arrivé : une grande dame, sèche, qui  
avait fait son entrée en classe d’une façon fracassante : elle fit  
l’erreur principale de nous crier dessus aux premières secondes de sa  
présence dans la classe. Déjà, on ne méritait pas de se faire  
enguirlander, et de plus, nous, garçons, presque des hommes pour  
certains, des élèves de mécanique, ont a eu du mal à admettre que se  
soit une dame qui nous fasse des cours de mathématiques et de  
sciences. Elle ne parlait pas, elle jappait. Si elle utilisait ce  
genre de langage pour nous intimider, c’était loupé. Déjà le  
professeur de technologie avait déjà cette fâcheuse habitude pour  
s’exprimer, il faut dire qu’il n’était pas bien grand, à peine plus  
haut que moi, donc pour se faire entendre il donnait de la puissance  
vocale aigue. Mais ce faire japper dans les oreilles par une grande  
sèche, là, non, ça passait moins bien. Cette erreur lui sera fatale  
pour les mois et années suivantes car plus elle jappait, plus on la  
faisait japper.

Premier exercice en piscine
C’est aux premières chaleurs de l’été que le professeur de sports  
nous avait emmené à la piscine de l’école. Au village, nous avions un  
seul endroit connu (qui existe toujours) pour faire des activités  
nautiques : c’est en bas du pays ou professeurs, élèves et parents se  
retrouvaient. Là, certains se faisaient bronzer dans un pré dont  
l’herbe avait été fraîchement brouté par les vaches de la ferme  
voisine. La rivière coulait dans son lit d’un rythme paisible qui lui  
laissait un peu de temps pour se réchauffer. On attendait qu’il soit  
13 heures au soleil, c'est-à-dire l’heure ou l’eau était sensée être  
la plus chaude de la journée pour descendre dans l’eau. Soit on se  
laissait glisser sur le fond du maillot de bain sur la terre glaise,  
soit on avançait dans l’eau par une sorte de petite plage  
gravillonnée. Seul une dizaine de jeunes osaient mettre mes pieds  
dans l’eau et des fois nager sur quelques centaines de mètres sous la  
surveillance de leurs parents et des professeurs. Je faisais partie  
de ceux-là.
A St Jo, j’ai découvert ce qu’était une piscine. Il n’y avait pas de  
descente en pente douce. Soit on descendait dans l’eau par une  
échelle, soit on plongeait. Une fois c’être mouillé, on était  
ressorti et le professeur nous avait demander de plonger ou sauter  
depuis la partie la plus profonde de la piscine. Je ne savais pas  
plonger, je ne sais plus très bien ce qui c’est passé, je crois qu’un  
copain de classe m’a dit de gonfler mes poumons à font et de bloquer  
ma respiration, me pincer le nez et me laisser tomber dans l’eau de  
la piscine. Il y a eu un bruit épouvantable dans ma tête, je suis  
remonté à la surface de l’eau ou j’ai repris ma respiration. Après,  
j’ai commencé à nager en commençant par la brasse et après avoir pris  
un peu d’élan, j’ai continué avec la nage indienne. J’étais contant.  
Mais ce contentement fut de courte durée car de retour dans les  
couloirs de l’école, j’ai été pris de malaises et j’ai vidé le  
contenu de mon estomac dans un des éviers qui longeaient le couloir  
et je ne sais plus ce qui s’est passé après.

Dans les ateliers
Comme les autres élèves de mécanique générale, après avoir user les  
limes sur les pièces métalliques et réaliser des montages, j’ai  
appris à me servir d’un étau limeur, et là, attention à celui qui ne  
serrait pas sa pièce assez fortement la pièce en fer dans l’étau de  
la machine car au passage de l’outil, la pièce était éjectée de son  
logement et traversait une partie de l’atelier dans un bruit de choc  
métallique, accompagné d’un sifflement. Puis se fut l’apprentissage  
des fraiseuses avec des petites machines ayant un bouton poussoir  
marche / arrêt et un système de bouton tournant pour régler la  
vitesse de rotation de la fraise à deux tailles pour commencer, puis  
ce fut des travaux avec des petits tours bourrés des systèmes de  
protections et des boutons d’arrêts de secours : Toc, pousse-toc pour  
pièce montée entre pointes, mandrin à trois mors. Ces machines  
n’avaient rien à voir avec celles qui étaient installées dans  
l’atelier de mon père, au village.

Ma première année à St Jo n’a pas été la hauteur des espérances de  
mes parents. Et oui, sortir d’école primaire d’un village pour se  
retrouver dans une école, qui, pour moi était une petite  
ville !.......... J’ai redoublé.

Le réfectoire se transforme en self service
Les internent mangeaient dans des réfectoires ou des Suisses  
amenaient des plateaux de nourriture sur des chariots roulants. Je ne  
sais plus quand, mais un jour, les murs des réfectoires ont été  
enlevés pour réaliser un système de self. Un self ? C’est quoi ? Là,  
le frère nous avait expliqué en long et en large ce qu’est un serf  
service et comment ça fonctionnait. Au début, c’était toujours des  
Suisses qui étaient derrière les présentoirs et après je ne sais  
plus. Ce fut pour certains d’entre nous, l’apprentissage de garder  
les plats de nourriture en équilibre sur un plateau qui devait rester  
à horizontal et éviter choc !


25/04/2010
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres