Aprés ST Jo
C’est avec un peu de retard que je réagis à ta visite surprise ou tu as eu de la chance de me trouver car ma journaliste de femme n’était pas en reportage ce jour-là , et oui, en tant normal je l’accompagne.
Mais comme je te l’avais dit et que tu as vu, nous étions dans les travaux, travaux qui devaient durer 15 jours voir trois semaines et qui ont duré un mois et demi !
Mais pour en revenir à St Jo, après 40 ans de séparation ! Ca fait un drôle d’effet. Les souvenirs de manquent pas mais c’est dommage que ta femme soit restée dans la voiture ! A moins qu’elle est une indigestion des souvenirs de St Jo ?
Disons qu’après St Jo, tout comme toi, si j’ai bien compris, ce fut l’échec scolaire comme 70 % des autres étudiants de cette année-là . Si toi tu es allé à l’ANPE, moi, après une semaine de rangement, classement et mise au rebut de tout ce qui venait de St Jo et qui ne me servirait plus, j’ai passé une sorte d’examen d’entrée dans l’usine de mon père. Usine qui s’appelait à l’époque « monte-charge, skip, pont roulant ».
La première semaine j’étais le jeune « l’arpète à tout faire » comme tout ceux qui sortent des écoles j’ai eu droit au balayage, rangement des outils, tri de boulonnerie, etc. Il faut dire que l’usine était installée au fond d’une cour d’une ancienne ferme. Il y avait 4 salles principales dont une qui n’était pas au même niveau que les autres. Il y avait aussi des petites remises ou étaient entreposés tout ce qui est utile à la fabrication que faisait l’usine. Toute la manutention se faisait à « l’huile de coude ». Je me suis rappelé que les fins de semaines, les ouvriers râlaient car ils devaient mettre en tas tous les coupeaux et toutes les petites chutes et découpes de profilés qui ne pourraient plus servirent. Avec une pelle, le plus jeune de l’équipe mettait tout cela à l’arrière d’une 4 L Renauld pour y faire emmener à la poubelle du village et tout jeter en vrac. Il y en avait pour une bonne heure. Cette première fin de semaine, la corvée était pour moi : le plus jeune !
Alors j’ai eu l’idée de faire de rassembler tous ses petits bouts de ferraille avec des points de soudure à l’arc pour réaliser des petites tour Eiffel miniatures avec un repère vers centre de gravité pour emmener les pièces ainsi assemblées directement à l’arrière de la voiture sans prendre la pelle. Très vite le véhicule avait été chargé, emmené à la décharge publique qui était à l’époque dans un terrain vague. En à peine une demi heure tout était fait : c’était bon pour ma suite dans l’usine. Un peu plus tard, mon père a demandé à l’outilleur de m’appendre l’utilisation correcte des machines que je connaissais déjà un peu (tours, fraiseuse, mortaiseuse, perceuse sensitive, four électrique à cémenter, etc.). En 3 mois j’avais tout dans la tête et j’ai commencé à fabriquer des montages et assemblages. Ensuite j’ai appris l’utilisation du chalumeau oxycoupage (à 2 bouteilles). Cet apprentissage m’a été très utile plus tard pour braser des pastilles en carbure sur des barreaux en acier. C‘était en septembre 1968.
L’usine avait comme magasinier qui s’occupait de l’approvisionnement, un oncle de la famille. Très bon électricien. Vers la fin de sa vie active, il avait participé à l’électrification les lignes de chemins de fer Dijon-Strasbourg. Mais au sujet de l’outillage, là , il ne comprenait pas grand chose. Pour passer outre ses erreurs de commande d’outillage, on avait demandé à des ouvriers qui travaillaient dans une usine appelée « Les Travaux Sous Terrain », usine installée dans le même village, de nous faire parvenir des éclats de pastilles qui se cassaient sur leurs machines outils. Il faut dire que leurs machines montaient à 2 ou 3 mètres de hauteur, c’était donc des machines énormes par rapports à celles qui étaient installées dans les ateliers de mon père. Là , j’en ai brasé des éclats de pastilles sur des barreaux pour les utiliser sur les tours jusqu’à ce que mon père s’en aperçoive car on ne lui commandait beaucoup moins d’outils.
C’est ainsi que j’ai commencé ma carrière en tant qu’outilleur dans une entreprise de monte charge, entreprise qui allait s’étendre sur toute la moitié Est de la France pour devenir par la suite :
« Ascenseurs Avril ».